C’est dans un petit village provençal au pied du Luberon, La Tour d’Aigues, que Daniella a installé son atelier de maroquinerie en 2021. Passionnée par l’univers du cuir, elle y développe toutes ses collections de sacs à main et autres pièces de maroquinerie. Elle vend ensuite ses créations directement à ses clients sur place à l’atelier, sur les marchés et expositions, ou dans le monde entier via son site internet Maison Rottier.
L’envie de partager sa passion et son savoir-faire l’a amené à proposer des ateliers de maroquinerie où les clients peuvent venir eux-mêmes fabriquer leurs propres sacs. Elle-même formée auprès d’un géant français du luxe, elle est aussi autodidacte et continue d’apprendre à chaque nouvelle création.
La vitalité d’un village provençal
La Tour d’Aigues, comme de nombreux autres villages du Luberon, profite d’un environnement privilégié au milieu d’une nature rayonnante. Le tourisme représente une partie importante de l’économie locale du Luberon, qui est aussi animé par une large communauté d’artistes et d’artisans passionnés. La maroquinerie trouve ainsi toute sa place au milieu de cet esprit créatif, avec ses pratiques qui mêlent des techniques ancestrales et des outils modernes.
Une alternative à la Fast Fashion
La Fast Fashion, ou « mode rapide », correspond à la volonté de certaines grandes entreprises de proposer des vêtements et accessoires de mode en larges quantités, souvent à bas coûts, et d’ensuite renouveler leurs gammes le plus rapidement possible. L’objectif étant de créer de l’envie chez le consommateur et de le faire acheter le plus souvent possible. Les impacts environnementaux de ce modèle économique sont importants, avec notamment des productions dans des pays à bas coûts qui génèrent d’importants besoins de transports et de distribution. En aval de la chaîne, nous retrouvons ensuite des stocks importants d’invendus qui sont rapidement remplacés par les nouvelles collections. Ces invendus, souvent difficilement recyclables, peuvent à leurs tours avoir un impact très négatif sur l’environnement : ils sont très souvent renvoyés par bateau dans des pays à bas coûts pour être revendus, ou pire, mis au rebus dans des décharges à ciel ouvert qui finissent par dégrader l’environnement local.
L’esprit artisanal d’un atelier local de maroquinerie est à l’opposé de ce modèle économique de la Fast Fashion. L’objectif est de créer des pièces de maroquinerie de qualité et durables, dans des quantités limitées pour éviter tout gaspillage. Les coûts de production sont inévitablement plus élevés, mais le consommateur s’y retrouve avec des pièces solides qui peuvent traverser les années tout en suivant les différentes modes.
Des approvisionnements locaux et responsables
L’atelier dispose d’un stock très réduit de produits finis, ce qui permet de produire uniquement les pièces les plus demandées, ou directement sur commande. Les peaux sont aussi stockées à l’atelier, et elles sont soigneusement sélectionnées par Daniella auprès de ses fournisseurs français et européens. Le choix de ces fournisseurs locaux est une valeur importante dans l’ADN de Maison Rottier, qui souhaite privilégier les circuits courts, et ainsi favoriser l’économie locale en même temps que réduire les impacts environnementaux.
Le partage de savoir-faire
Avec ses ateliers de maroquinerie, ouvert aux plus débutants, Daniella propose de partager son savoir-faire et certaines techniques de la maroquinerie, des plus anciennes aux plus modernes. En petit groupe, les ateliers Maison Rottier permettent de découvrir le travail du cuir mais aussi de créer en s’amusant. Les clients peuvent choisir parmi un large choix de cuirs et sont ensuite guidés par Daniella dans toutes les étapes de la création de leur sac, de la découpe jusqu’aux finitions, en passant par l’utilisation d’une machine à coudre spécialement conçue pour le cuir.
Une économie à valoriser
Créer de ses propres mains dans un atelier de maroquinerie permet d’obtenir une pièce unique, et permet de mettre une valeur sur cette création. Une valeur sentimentale, mais aussi de comprendre la valeur de l’artisanat, qui représente environ trois millions de personnes en France. Comprendre cette valeur permet donc indirectement de lutter contre la désindustrialisation de l’économie française, et directement contre la Fast Fashion et son impact fort sur l’environnement. Certes, le prix d’une pièce artisanale et locale sera difficilement compétitif contre un modèle fabriqué en masse à l’autre bout du monde, mais nous observons le début d’un changement dans les habitudes des clients. Les consommateurs accordent une importance de plus en plus forte à l’impact environnemental de ce qu’ils achètent, et de plus en plus d’entre eux sont près à payer un prix plus important pour un accessoire de mode qui correspondra à leurs valeurs éthiques et environnementales.
Le chemin est encore long pour convertir notre économie et ce changement dans les habitudes des consommateurs est encore timide, mais nous assistons peut-être au début d’un nouveau mode économique, d’une nouvelle façon de consommer. Une petite révolution dans le monde de la mode !